Depuis quelques années, on entend de plus en plus parler d’hypersensibilité, de troubles sensoriels ou de particularités sensorielles. Ces thématiques sont aujourd’hui mieux reconnues dans les troubles du neurodéveloppement (TND), et tout particulièrement dans l’autisme. Une avancée importante, car ces spécificités impactent directement le quotidien des personnes concernées.
Dans ce contexte, les ergothérapeutes sont de plus en plus sollicités pour évaluer les besoins sensoriels. Mais en quoi consiste réellement un bilan sensoriel ?
Le rôle de l’ergothérapeute dans le bilan sensoriel
Si plusieurs professionnels de santé peuvent intervenir dans l’évaluation sensorielle, l’approche de l’ergothérapeute a une particularité : elle met toujours en lien les profils sensoriels avec la vie quotidienne.
L’objectif n’est pas seulement de mesurer des réactions, mais de comprendre comment ces particularités influencent les activités de tous les jours — à la maison, à l’école, au travail, ou dans les loisirs.
Une triple analyse : personne, environnement, activités
Le bilan sensoriel en ergothérapie repose sur une analyse croisée, qui prend en compte trois dimensions indissociables :
- Les facteurs personnels : réactivités aux stimulations, styles perceptifs, comportements face aux sollicitations sensorielles.
- Les facteurs environnementaux : qualité des espaces, aménagement du bâti, matériel utilisé, possibilités de mouvement, bruit, lumière…
- La dimension occupationnelle : quelles sont les exigences sensorielles d’une activité donnée, et où apparaissent les points de difficulté ou de rupture.
Cette approche globale permet de dresser un profil précis et individualisé, qui servira de base pour proposer des aménagements adaptés.
Des forces à valoriser
Parler de particularités sensorielles ne signifie pas uniquement parler de « troubles » ou de « défauts ».
Certaines expériences sensorielles sont aussi des plaisirs, des ressources, parfois même de véritables points d’appui dans la vie de la personne. L’ergothérapeute prend soin de repérer ces forces sensorielles et de les intégrer dans les recommandations. Elles deviennent alors de véritables leviers pour améliorer la participation et l’épanouissement.
Des liens avec d’autres sphères du quotidien
Un profil sensoriel atypique ne se limite pas à des réactions face à des bruits ou des textures. Il peut aussi être en lien avec :
- des troubles du sommeil,
- des troubles alimentaires,
- ou encore des difficultés d’apprentissage
C’est pourquoi le bilan sensoriel permet souvent de mieux comprendre l’origine de certaines problématiques, et d’ouvrir des pistes d’accompagnement adaptées.
Et après le bilan ?
Le travail de l’ergothérapeute ne s’arrête pas au compte-rendu. À partir des observations et des échanges, il est possible de proposer :
- des préconisations concrètes pour la maison, l’école ou le travail,
- des ajustements environnementaux simples mais efficaces,
- des stratégies personnalisées pour mieux vivre les situations sensibles.
Ces recommandations sont ensuite réinvesties en séance, en partenariat avec la personne concernée (et parfois sa famille), pour tester, ajuster et optimiser les solutions. L’objectif : améliorer durablement la qualité de vie et favoriser une participation active dans tous les domaines de la vie quotidienne.
En résumé, le bilan sensoriel en ergothérapie est bien plus qu’une évaluation technique : c’est un outil global, centré sur la personne, qui permet de comprendre ses besoins, de valoriser ses forces et de mettre en place des solutions concrètes pour un quotidien plus serein et inclusif.